Patrimoine

Pourquoi taxer le patrimoine ?

Depuis une quarantaine d’années, les politiques économiques et fiscales ont permis aux patrimoines de se reconstituer. Ils atteignent aujourd’hui des niveaux équivalents à ceux du début du 20e siècle.

L’écart entre les possessions des plus riches et des plus pauvres n’avait pas été aussi gigantesque depuis un siècle. Ce fossé grandit chaque année. Le mécanisme semble inexorable.

Ce constat révèle deux éléments concernant la politique fiscale :

  1. Aujourd’hui, elle ne joue plus son rôle de régulateur économique. La concentration des fortunes et l’augmentation constante des patrimoines indiquent que les richesses produites s’orientent massivement vers l’épargne et donc la rente.
  2. Le système fiscal est en échec quant à sa vocation à réduire les inégalités

Donations et successions ?

Les droits de successions et de donations n’ont pas cessé d’être rabotés ces dernières décennies à tel point qu’on peut considérer que les familles très fortunées ont renoué avec leurs privilèges d’avant la première guerre mondiale.

C’est le principe même d’égalité en droits des citoyens à la naissance qui est remise en cause par ces privilèges ; car contrairement à ce qu’on entend souvent, les droits de successions ou de donations ne sont pas des impôts qui touchent celui qui a travaillé toute sa vie pour se constituer un patrimoine.

Tout d’abord parce que les plus gros patrimoines ne sont pas issus du travail, mais de la rente, de la spéculation et de l’héritage, ensuite parce que ce n’est pas la personne décédée qui règle les droits de succession, mais celle qui est née au sein d’une famille fortunée.

Ainsi, un enfant peut recevoir 31.865 € de chacun de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents en sommes d’argent, soit au total 446 110 € d’argent de poche et ce jackpot peut être touché tous les quinze ans.

Mais ce n’est pas finit : à cela s’ajoute la possibilité de recevoir de chacun de ses parents 100 000 € (en argent, biens ou titres) sans rien avoir à payer soit 200 000 € de plus

Mais ce n’est pas finit, à cela s’ajoute la possibilité de recevoir 31 865 € (encore !) de chacun de ses grands parents soit 127 860 € de plus.

Mais ce n’est pas finit, il peut aussi recevoir, toujours sans rien devoir, 5.310 € de chacun de ses arrière-grands-parents soit 42 480 €, Ainsi, une personne peut recevoir 916 450 € sans devoir payer le moindre impôt.

Il ne s’agit pas d’un exemple caricatural, d’abord parce qu’il ne prend pas en compte toutes les possibilités d’abattements, ensuite parce que les sociologues et les économistes ont démontré que les patrimoines se renforcent de génération en génération, ainsi, si vos parents sont riches, il y a de fortes probabilités que vos grands-parents, oncles et tantes le soient aussi.

Il faut donc évidemment imposer d’avantage les plus gros patrimoines. Il ne s’agit pas d’être confiscatoire, la marge est énorme,mais simplement d’exiger des héritiers qu’ils participent au pot commun, les fortunes ne se créent pas sur une ile déserte !

Une imposition ambitieuse des patrimoines n’empêcherait pas l’immense majorité de transmettre à ses enfants le peu de biens engrangés durant sa vie de travail.

Taxer les flux ou taxer le stock ?

Il faut effectivement taxer davantage les revenus du patrimoine, Mais, il faut aussi impérativement taxer le patrimoine lui même. Le risque sinon est de favoriser fiscalement l’accumulation qui est de fait une tendance de fond de nos sociétés contemporaines.

En effet, la concentration des richesses s’accentue d’année en année ; le patrimoine des 1 % les plus riches du monde dépasse aujourd’hui celui des 99%. La concentration des richesses s’aggrave, et cette aggravation s’accélère.

Du reste, le Président Macron a remplacé l’ISF par l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière), en excluant tout ce qui n’est pas immobilier de sa base d’imposition. Les arguments sont toujours les mêmes : encourager le « risque » plutôt que la rente, et orienter les fortunes vers des investissements productifs. En réalité les valeurs mobilières, sont tout autant concentrées que les autres entre les mêmes mains, elles produisent de la rente (la France est championne d’Europe du versement des dividendes), et de la spéculation ; en effet, la durée de détention des actions est de plus en plus courte et pour certaines ne dépasse pas le millième de seconde.

Bien sûr, la fiscalité ne peut pas tout, mais elle peut être un outil de correction.

Taxer d’avantage les plus riches les ferait fuir ?

Notre pays est loin d’être un enfer fiscal pour les riches. Ainsi, la fiscalité sur le patrimoine, (et singulièrement l’ISF) est souvent présentée comme une anomalie française, un « bidule » folklorique qui effraierait les riches étrangers.

Or, la quasi-totalité des pays disposent d’une fiscalité sur le patrimoine et de mécanismes visant le même objectif que l’ISF. Ainsi, la fiscalité sur le patrimoine représentait en 2013 12 % des recettes fiscales du Royaume-Uni, 11 % aux Etats-Unis et... 8 % en France, qui est régulièrement classée par Eurostat derrière le Royaume-Unis pour le taux de taxation du patrimoine.

Ainsi, on peut en conclure qu’il existe encore de la marge pour atteindre une fiscalité du patrimoine juste et efficace, car rappelons qu’en plus d’être injuste, les concentrations de plus en plus extrêmes des richesses nuisent au système social et économique. Augmenter la base et les taux de taxation des héritages et des fortunes accumulées est un des moyens pour rendre notre société plus juste.

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